Enfin l'hiver approche, lui qui s'est tant fait désirer. Le soleil pâle est à présent trop faible pour réchauffer l'atmosphère. Les rues se vident, le troupeau des flâneurs en tenues légères peu à peu remplacé par un défilé sporadique de silhouettes emmitouflées, marchant prestement afin d'échapper à la morsure de l'air glacial.
Enfin je peux arpenter les pavés à ma guise, sans que l'éclat aveuglant de l'astre du jour ne m'oblige a baisser la tête et à fermer les yeux, sans que la chaleur ne me change en loque sans énergie, sans me noyer dans la marée humaine.
Enfin le froid pénètre ma chair, gèle mes os. Mon corps s'engourdit. Je ne sens plus cette enveloppe inutile et maladroite, tout juste bonne à avancer au hasard des rues. Je ne suis plus qu'un esprit errant dans la nuit, évadé pour un temps de la prison des sens.
Enfin je suis libre. Jusqu'au printemps prochain.