Cela fait bien longtemps que la rédaction de ce petit article me démange. Bon, vu l’audience que j’ai, il y a de grandes chances pour que ça ne mène à rien, mais sait-on jamais… 

Qu’est-ce qui motive l’écriture de ce texte ?

Je vous invite à recenser dans votre entourage le nombre de mécontents, et à leur poser une question toute bête : pourquoi est-ce que vous ne faites rien pour changer ce qui ne vous plaît pas ?

Vous pourrez très vite constater que la plupart des gens sont d’accord pour que les choses changent en mieux, bien évidemment, mais à condition que quelqu’un d’autre s’occupe de faire le changement, et qu’on puisse le blâmer copieusement si ça foire.

Tournez-vous maintenant vers ceux qui se donnent haut et fort le titre de « militant » (vous en connaissez forcément), quelque soit la cause qu’ils défendent, et faites le tour de leurs moyens d’action communs :

- Cesser le travail
- Défiler
- Distribuer des tracts
- Casser une ou deux bricoles
- Bloquer un train/une route/une entreprise...
- S'enchaîner à une grille
- Se colleter avec les CRS

Et ça va rarement pisser beaucoup plus loin que ça. Nan mais sérieusement, des millénaires « d’évolution », de progrès scientifique, de philosophie, de démographie galopante, des millions de bouquins écrits, des milliards d’individus censément dotés d’un cerveau, à l’ère de l’informatique et de l’échange quasi instantané d’informations, et personne n’est capable de trouver des moyens plus futés pour faire pression sur un groupe d’imbéciles ? (a.k.a  « gouvernement »).

Personnellement, ce que j’en pense, c’est que vous tous, pseudos-militants, n’êtes qu’une bande de foutus hypocrites. Ou alors vous avez payé votre carte de membre de parti/association en sacrifiant vos neurones dans l’opération.

Oui, je suis irrespectueux, provoquant et grossier, j’assume.

Sérieusement, vous pensez que la majorité des gens lit vos tracts ? Que cesser le travail quelques jours vous attire la sympathie de vos compatriotes ou vous met en position de force face à des gens qui brassent plus d’argent chaque année que vous en plusieurs vies ? Que perdre votre temps à défiler dans la rue vous donne une crédibilité ? Grève des transports, opérations escargots… oui, ça enquiquine le monde sur le moment, mais les gens s’adaptent.

Je ne remets pas en cause votre bonne volonté, votre motivation ou votre idéalisme, il en faut. Mais peut-être serait-il temps de réaliser (après quelques décennies…) que quand on fait un maximum d’efforts pour un résultat minimal (pour ne pas dire nul), quelque chose cloche. 

Aaaaah, je vous vois venir ! « des critiques, des critiques… quid des propositions sale aigri ? T’en as toi de l’imagination ?» 

Et bien sans aller jusqu’à fournir des moyens d’actions prêts- à- l’emploi, je vais tout de même tenter de vous fournir quelques pistes de réflexion simples, j’ose même dire évidentes, qui se résument en trois points :

- Pour interpeler, il faut surprendre
- Un acte peut paraître insignifiant s'il est isolé, mais à grande échelle...
- Mieux vaut frapper une fois là où ça fait mal que cinquante fois dans le vide

Voilà, c’est tout. Vraiment. Gardez juste ça en tête, et le monde est à vous. Ce n’est pas une blague.

« Si c’était aussi simple, on aurait déjà fait la révolution ! »

Non. Parce que vous ne voulez pas vraiment faire de révolution. Ou vous ne voulez pas que ce soit aussi simple, ça vous obligerait à reconnaître que vous passez votre temps à pisser dans un violon pour vous donner bonne conscience.  

« Ah ouais ? Ben vas-y toi qui est si malin, donne-nous des vrais exemples de ce qu’on pourrait faire pour changer les choses ! Des trucs plus efficaces que ce que l’on fait d’habitude !» 

Bon, bon, d’accord, après tout, c’est moi qui ai lancé le sujet.  

Illustration basique des points 1 et 2 !

Prenez une brique, ou un pavé. Qu’en feriez-vous ? ...

« Le lancer » est une mauvaise réponse. « Le poser » en est une meilleure.  

« Tu te fiches de nous !? ??» 

Non. On peut très bien faire une révolution en posant simplement des briques. Le tout c’est de savoir où et combien. Prenons une manifestation type, de mettons… 30 000 personnes (ouais, c’est déjà plutôt pas mal). Ces 30 000 personnes ont chacune pris un après-midi entier, perdu le salaire qui va avec, pour défiler dans la rue et avoir un impact sur les mémoires proche du néant.

Maintenant, admettons qu’au lieu de ça, ces mêmes 30 000 personnes ne prennent chacune qu’une demi-heure de leur temps, pour se rendre au même endroit et y déposer, disons l’équivalent d’un ou deux kilos de briques (ou n’importe quoi d’autre, c’est pour l’exemple). Cela nous fait 30 à 60 tonnes de briques en un point donné… Répétable à l’infini…

Et pourquoi se limiter à 30 000 personnes ?...

Cela ne vous donne pas des idées ? 

 Encore plus drôle, imaginons, pour la beauté du geste, que tout les mécontents de France et de Navarre envoient un colis de quelques kilos, en express, mettons, à l’Elysée… 

Alors, combien de temps pour songer à un truc aussi bête ? 5 minutes sans se fouler. Difficulté de réalisation ? Néant. Efficacité ? J’ose espérer que cela puisse être plus efficace que de défiler sous la flotte un après-midi avec des drapeaux et des banderoles.  

Il y a tout un monde de solutions possibles, bien plus sophistiquées que ça (souvenez-vous, sciences, techniques, progrès, tout ça…) juste sous votre nez.  

Alors maintenant, à votre tour. Gardez à l’esprit les trois points, tout bêtes, qui sont la clef du succès. Et laissez parler votre imagination. Il ne vous reste plus qu’à agir… mais en avez-vous réellement le désir ? Là est la vraie question en fait.