Il n'est pas dans mes habitudes de raconter ma vie sur ce blog  (remarquez, vu le peu d'articles que je poste, j'ai pas vraiment d'habitudes ici, mais passons ;P ). Néanmoins, il est parfois certaines mésaventures qui peuvent valoir le coup d'être contées, et je pense que celle-ci fait partie du lot.

Jeudi soir, après une petite virée entre amis, je me dirigeais, seul, vers l'arrêt de bus le plus proche afin de regagner mon domicile. Je fus alors abordé par cinq fringants jeunes hommes, plutôt bronzés, portant manteau à col de fourrure ou petit blouson cuir, survêtements, et chaussettes par-dessus le pantalon (loin de moi l'idée d'entrer dans le cliché, mais les faits sont les faits). Ceux-ci désiraient que je leur offrît quelques cigarettes, dont je ne disposais pas. Après que je leur aie signalé ce fait d'un ton d'excuse, l'un d'eux me dit: "Vas-y, t'as l'air suspect toi!" (sic). Et là...

Et bien voyez-vous, il y a des moments où des années d'habitude, voire de conditionnement, prennent le pas sur la raison et la prudence la plus élémentaire. Pour ma part, je passe le plus clair de mon temps à saisir la moindre occasion de faire ce qu'il faut bien appeler des jeux de mots absolument affligeants (d'aucun diraient "pourris", "moisis", voire "carrément merdiques").

Aussi répondis-je sans réfléchir: "Il vaut mieux être suce-pet que lèche cul".

Nos cinq personnages, prenant vraisemblablement ce trait d'esprit navrant pour une insulte, entreprirent de laver la-dite insulte par une pluie de coups.

Une fois soustrait à leur vindicte, je rentrai chez moi, ressentant ce qu'à mon avis toute personne dans ma situation aurait ressenti: hébétude, frustration et colère. Colère à la fois dirigée contre les agresseurs et contre moi-même, d'avoir été idiot et impuissant. Arrivé à destination, j'informai les amis avec qui j'avais passé la soirée de l'incident, et tous furent d'un réconfort bienvenu (je les en remercie d'ailleurs une nouvelle fois). Je me plongeai dans un livre afin de me changer les idées, puis m'endormis.

Le lendemain, reposé, je m'examinai au cas où certains dommages m'auraient échappé la veille. Fort heureusement, je pus constater que j'étais presque indemne (ce qui est à mettre au crédit d'une chance insolente, ainsi qu'aux réflexes acquis pendant une enfance passée à servir de punching-ball pour les plus grands, mais bref.)
Alors je réalisai que la seule véritable blessure avait été portée à mon amour-propre. Mais bast, ayant toujours préféré porter mon amour aux autres plutôt qu'à moi-même, autant dire que je n'ai pas été blessé du tout. ;)  Et puis, peut-être qu'une blague aussi nulle méritait bien une petite correction ;P
A présent, je me rends compte que je n'ai ressenti aucune peur sur le moment, très peu de douleur, et que si c'était à refaire, j'agirais exactement de la même manière (qui a dit "incorrigible? ^^ ). En plus, ça me fait une histoire à raconter, que demander de mieux? :D ("un humour plus raffiné et une miette de bon sens peut-être?")

Et de conclure: Y en a, y z'ont vraiment pas le sens de l'humour!