Lundi 22 décembre 2008 à 14:56
Alors que ses pensées empruntent une nouvelle fois cette pente dangereuse, alors que l'appel se fait plus fort, comme toujours, un craquement retentit. Il pose sa main sur la surface lisse, exerce une légère pression, puis caresse l'interface du bout des doigts. Oui, là... une nouvelle fissure est apparue. Les autres ont progressé. Bientôt, bientôt... Il le sait, à mesure que sa résolution faiblit, à mesure que sa volonté cède, ce mur qu'il a lui-même généré se fragilise. S'il se laissait aller maintenant, s'il poussait de toutes ses forces, peut-être ce garde-fou volerait-il en éclats. Ce serait un spectacle magnifique que de franchir cette frontière dans une gigantesque explosion, de faire le dernier pas enveloppé de poussière de cristal scintillante.
Nouveaux craquements sourds, nouvelles fêlures. Danger. Il est allé trop loin, le point de rupture se rapproche. La tentation enfonce dans son esprit ses griffes effilées, inquisitrices, et appuie sur les points sensibles pour finir de ferrer sa proie. La question revient. Qu'est-ce donc que la réalité finalement? Mais c'est une autre voix qui répond cette fois, issue des tréfonds, de cette partie obscure de l'âme qui teinte la vision en gris et noir. La réalité? Douleur, souffrance, faiblesse. Frôlements écoeurants de la masse humaine qui grouille, envahit, dévore. Spectacle obscène d'un entrelacs de pensées mesquines guidant des amas de chair sur une tranche de temps pourrie que l'on appelle "vie". À quoi bon essayer d'embellir ce tableau sorti de l'imagination d'un peintre fou? Laissons tomber tu veux, allez, tu en as la possibilité, alors sors-nous de là.
La Vitre tremble maintenant, et à chacune des ondulations qui la parcourent, les brisures avancent. Les craquements se changent en un grondement assourdissant. Il met ses deux mains en avant et fait un pas, emplit d'une jubilation malsaine. Dans sa tête, une seconde voix tente de protester, lutte farouchement contre l'emprise du dégoût, de la mélancolie, du mensonge.
Tout ceci est faux, dit-elle. Ce n'est qu'une montagne de rien, cela n'a pas d'importance. Tu vas vraiment tout abandonner, tu vas vraiment baisser les bras? Je te croyais plus fort que ça. Cherche, cherche bien, va au-delà de la surface, regarde-toi. Ce que tu fais, c'est vraiment toi?
Dans un ultime sursaut, la conscience refait surface. Qu'est-ce que c'est que ce délire? Non, il faut tout arrêter. Il y a encore à faire, tant à faire. Et tant d'amour à donner.
À quoi bon? répond la voix caverneuse. Cela ne t'apportera rien. Tu crois que le bonheur c'est ça? Foutaises. Tu ne peux pas gagner de cette façon. Tu te feras bouffer, et tu crèveras seul, c'est tout. Inutile de te leurrer, à la fin, il ne restera rien. De toute façon, pas besoin de discuter, il est trop tard pour faire machine arrière, tu as cédé.
Je ne crois pas, je suis sûr. Je ne doute pas. Je suis ce que je suis, et le resterai jusqu'au bout. J'aime, cela me définit. Et toi, tu n'existes même pas, aberration de l'esprit.
Dans un hoquet lamentable. la ténèbre disparaît.
Revenu à lui, il recule, contemple le désastre. La barrière va se briser. Va-t-il se perdre maintenant? Il étend les bras et de fins cordons dorés viennent s'y enrouler. Ils sont là, toujours là, et le tirent en arrière. Épuisé par cette lutte contre lui-même, il rassemble ce qui reste de sa volonté pour accompagner le mouvement. Un pas en arrière, un autre, encore un autre, de plus en plus vite. À mesure qu'il recule, la Vitre se restaure.
Fondu enchaîné. Sa vision se dédouble, puis une image s'impose, tandis que l'autre disparaît. Il secoue la tête, encore dans le flou, fait le point sur ce qui l'entoure. Son appartement. Il est assis sur le canapé. De la main, il en tâte l'étoffe. Oui, il est bien là, de retour chez lui. D'où il n'est jamais parti en définitive. Et pourtant si. Car maintenant, la nuit est tombée. Sur la table, son café est froid. Il appuie sur une touche afin de réveiller l'ordinateur en face de lui, et un coup d'oeil sur le bas de l'écran lui apprend que dix heures ont passé. Il soupire, las. Cette fois encore, il est revenu, mais l'alerte a été chaude. Il sait qu'il ne devrait pas aller là-bas... mais il sait aussi qu'il y retournera. Il est si beau, ce monde au-delà du miroir.
dans la catégorie Feeling
Vendredi 12 décembre 2008 à 19:54
Il y a un truc génial en France (ou affligeant, au choix): inutile d'aller voir un spectacle comique, de regarder des séries à la noix ou de lire des blagues de toto pour se marrer un bon coup. Non, le mieux pour se payer une bonne tranche de rigolade, ce sont les actualités...
En voici une qui m'a fait doucement rire: L'OFT (Office Français de prévention du Tabagisme) nous annonce que la consommation de cigarettes en France cette année est restée identique (54 milliards de cigarettes vendues) à celle de 2004, et ce malgré les mesures qui ont été prises ces derniers temps. Pour enfin faire baisser ces chiffres, l'OFT propose différentes solutions...
I- "augmenter le prix des cigarettes de 10% réduirait la consommation de 4%"
Ha, ha, ha, ha, ha! Quels petits comiques à l'OFT! Attendu qu'entre 2004 et 2008, le tabac a subi une à deux augmentations par an, qu'on est en pleine "crise économique" (on nous rebat suffisamment les oreilles avec ça), que le pouvoir d'achat ne cesse de baisser (ça aussi on nous le serine constamment), et que malgré cela les ventes restent identiques (on pourrait même dire que le tabagisme progresse, si l'on considère que la contrebande de son côté a bien augmenté...), est-ce qu'un boost supplémentaire du prix va changer quelque chose? Je me demande bien comment ils ont effectué leurs calculs...
En tant que fumeur, je m'insurge! Y en a marre d'être la vache à lait de l'état! À l'heure actuelle, les taxes représentent environ 80% du prix des cigarettes. On nous affirme que ces taxes doivent avoir un effet disuassif, pour protéger notre santé toussa (les chiffres nous montrant comme c'est efficace...), et qu'en outre elles servent à compenser les dépenses de la sécu afférentes au tabagisme. Et de qui est-ce que l'on se moque? Le fumeur travaille comme tout le monde, et paie ses cotisations à la sécurité sociale. L'afflux monétaire généré par la vente de tabac surpasse largement le surcoût éventuel au niveau des frais médicaux (parce que non, tous les fumeurs n'ont pas des dépenses de santé supérieures à celles des non-fumeurs) !
Alors pour changer, qu'on arrête un peu de nous prendre pour des cons, et de jouer la carte de l'hypocrisie. L'état se tamponne de notre santé, il sait pertinemment qu'augmenter les prix permet de se faire du blé, et il ne fera surtout rien pour lutter efficacement contre la cigarette, c'est bien trop rentable (et il en a bien besoin de ce pognon, avec son budget plein de trous).
d'ailleurs:
" "Plus aucune initiative d'ampleur n'a été prise par le gouvernement pour aider les fumeurs depuis quatre ans", a déploré l'OFT. "Force est de constater que, ces derniers mois, ce n'est plus le ministre de la Santé qui s'exprime le plus sur le tabac, mais le ministre du Budget", a-t-il ajouté. Toujours selon l'OFT, certaines des campagnes de prévention du tabagisme prévues ont été annulées "à la demande du gouvernement", et les crédits des associations "sont retombés à un niveau très bas". L'OFT a également affirmé que la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) "refuse désormais de s'occuper du tabagisme, arguant du manque de crédits". " (Europe 1 info)
Genre c'est étonnant...
Alors expliquez clairement les risques auxquels on s'expose en fumant, d'accord, prenez des mesures pour protéger les non-fumeurs du tabagisme passif si vous voulez, faites toutes les campagnes de prévention qui vous chantent, aidez ceux qui désirent arrêter... mais foutez donc la paix à ceux qui ont, en toute connaissance de cause, envie de s'adonner à leur vice. Leur écot est plus que largement payé!
II- "instaurer les paquets de cigarettes génériques sans marques"
Alors là, non seulement c'est surréaliste ("bien sûr, Nous, gros industriels du tabac avec suffisamment de pouvoir pour vous en faire sévèrement baver, allons accepter de ne plus afficher nos marques, sans protester ni vous pourrir la tronche" ...) mais en plus c'est complètement stupide. Je ne pense pas avoir besoin d'entrer plus dans les détails...
III- "mettre en place sur les paquets des avertissements sanitaires avec image"
Bien sûr, les images ça va nous terroriser, brrrrr... Beaucoup plus d'impact que les jolis petits messages d'amour déjà présents sur les paquets, dont on se contrefout. En plus, quand on connaît l'attrait qu'ont pas mal d'humains pour le morbide, on peut se demander si les photos vont pas pousser à l'achat plutôt qu'à une quelconque prise de conscience...
IV- "placer les cigarettes "sous le comptoir" chez les buralistes pour supprimer l'incitation à l'achat"
Mais oui, c'est évident, pourquoi n'y a-t-on pas pensé plus tôt? Quand je rentre dans un bureau de tabac, ce n'est pas pour acheter du tabac au départ, quelle idée? C'est le fait de voir les paquets qui m'y incite! Wé, tout est la faute de mon buraliste, faut lui faire payer ça! Tiens, si on le taxait lui plutôt que moi, hein? Non?
V- "prendre en charge l'arrêt du tabac "au moins pour les maladies de longue durée et la grossesse", "financer et promouvoir les actions vers les jeunes" "
Bon, ça j'ai rien contre, même si ça n'a fichtrement rien de nouveau ni d'original.
VI- ......
Et ben non, pas de 6ème point, les propositions s'arrêtent là. Quand on voit le nombre de gens qui s'attèlent au "problème" (qui n'en est pas un à mon sens), voilà après de longues analyses tout ce qu'ils sont capables de pondre. Le comble serait qu'ils soient payés pour ça... Hey, beaucoup de discussion, de l'argent investi inutilement pour au final un résultat nul. Sont mûrs pour entrer au gouvernement ces gens là!
Enfin, ça aura au moins eu l'avantage de me faire rire 5 minutes, c'est important de rire par les temps qui courrent. Allez l'OFT, sans rancune, et surtout ne changez pas.
dans la catégorie moquerie gratuite
Mercredi 3 décembre 2008 à 4:11
Erreur ou non, ma décision était prise. L'espace d'un instant, d'un bref instant, je l'avais senti. Si intensément... Il était impossible que j'aie fait erreur. Debout au bord du précipice, contemplant le vide, j'affermis ma résolution. Il ne me restait plus que ce moyen désormais... Je sautai.
Au-delà de l'espace et du temps, dans une singularité cosmique, une dimension magique ou un autre phénomène de nature inexpliquée, se dresse la Demeure de la Destinée. Avouons-le, cette dénomination est plutôt pompeuse lorsqu'elle s'applique à une bicoque délabrée plantée sur un bout de marécage répugnant. Mais les apparence sont souvent trompeuses, surtout en ces lieux, et même si le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle ne paie pas de mine, c'est dans cette masure que se décide le destin des Hommes.
Destinée... une entité très particulière. À l'origine, ce sont les humains qui lui ont donné vie. Oui, les pauvres petits humains, si terrifiés par l'inconnu qu'ils se sont persuadés que leurs vies devaient nécessairement être guidées par une main invisible, que tout devait avoir un but... Cette croyance est si forte, si profondément ancrée dans leur nature qu'elle a fini par se matérialiser. Au début, elle n'était pas grand chose, elle assumait les fonctions et revêtait les apparences que l'imagination collective lui prêtait. Mais vint un moment où sa force fut suffisante pour qu'elle acquière personnalité et autonomie. Et si l'humanité pouvait avoir conscience de ce fait, gageons qu'elle le regretterait amèrement... Car pour se rassurer face à sa peur irraisonnée de l'inconnu, elle a donné naissance à un être bien plus à craindre. Enfin, l'Histoire nous enseigne que ce type d'erreur est malheureusement monnaie courante chez l'Homme...
Mais pourquoi, vous demandez-vous peut-être, le destin devrait-il être craint? La réponse est somme toute assez simple... Destinée est certes puissante, puisqu'elle préside au devenir de tout un monde. Elle est également éternelle. Elle sait tout. Et elle est seule. En un mot comme en cent, elle s'ennuie terriblement.
Fort heureusement pour elle, et sans doute beaucoup moins pour vous, elle dispose d'une source de distraction potentielle. Oui, vous l'aurez deviné, il s'agit des humains. D'ailleurs se sont ces mêmes humains qui lui permirent d'atténuer un peu sa solitude, lorsque dans l'antiquité il lui prêtèrent la forme de trois vieilles femmes. Comprenant très vite les avantages qu'elle pouvait en tirer, elle décida d'adopter définitivement cette apparence. Mais une fois passé l'attrait de la nouveauté, lorsque les trois qui n'en avait fait qu'une se connurent parfaitement, l'ennui revint. Elles essayèrent alors autre chose. Choisissant quelques hommes, elles introduisaient dans leur vie certains évènements, puis cessaient de regarder dans le futur pour suivre le déroulement de leur existence en temps réel, en pariant sur le dénouement. Cela les amusa beaucoup, et elles attrapèrent la fièvre du jeu. Cependant, au fil des siècles, elles devinrent suffisamment expertes en la nature humaine pour ne plus se tromper dans leur pronostics. Une nouvelle fois, la lassitude les gagna. Ce qui ne les empêcha pas de continuer, par habitude, par dépit, dans l'espoir d'être surprises un jour...
Maintenant que les présentations sont faites, pénétrons donc dans leur antre. L'endroit n'est visiblement pas entretenu. Un peu partout s'entassent des objets de toutes natures, ensevelis sous la crasse et la poussière. Tous sont ou furent précieux pour quelqu'un, apportés par les rares héros (héros tragiques généralement) ayant atteint cet endroit et tenté de pactiser ou de parier avec les Moires. Au centre de l'unique pièce se tiennent les maîtresses des lieux elles-mêmes. En haillons, les trois terribles vieilles sont penchées sur la grande tapisserie du destin dont elles sont les tisseuses. Leurs yeux chassieux, enfoncés dans leurs visages parcheminés, sont braqués sur un fil particulier, bien étrange en vérité. En effet, est beaucoup plus long que les autres et semble luire légèrement. De plus, il présente des discontinuités, disparaissant souventes fois de la tapisserie pour réapparaître plus loin...
Tandis qu'elles le suivent du regard, les Moires s'animent et discutent.
- Ah, cette fois, c'est la bonne, il va le faire!
- Oui, encore une défaite pour lui, encore un trophée pour nous.
- Ça y est, il s'est lancé!
Alors que je tombais, mon esprit fonctionnait à toute allure, m'interdisant de me laisser aller aux sensations que la chute éveillait en moi. Je savais qu'en réalité tout cela se déroulait en l'espace de quelques secondes, pourtant la vitesse à laquelle défilaient mes pensées me donnait l'impression que le temps s'étirait. J'avais toujours pensé qu'il ne s'agissait que d'un cliché d'écrivain... mais ma vie défilait bel et bien devant mes yeux tandis que le sol se rapprochait. Ma raison se scinda en trois. Une partie se débattait, hurlait que tout cela n'était qu'une folie, que j'allais mourir et rien d'autre. La seconde contemplait ma vie et se réjouissait, heureuse d'en finir. La troisième quant à elle s'accrochait à ce fol espoir qui m'avait pris, et exhortait les autres à faire silence. Après une lutte acharnée, ce fut elle qui vainquit, et je redevins un esprit unique juste à temps pour lancer un compte à rebours mental. 3... 2... 1...
Les trois tisseuses sont au comble de l'excitation quand enfin le fil se rompt.
- Les jeux sont faits mes sœurs. Nous n'avons plus qu'à attendre qu'il vienne nous apporter nos gains.
- Tout de même, c'est un sacré entêté celui-là. Combien de fois a-t-il fini de cette manière? J'ai perdu le compte. Et pourtant il continue d'essayer. Vous pensez qu'il va retenter sa chance?
- Oh, ça ne fait aucun doute je dirais. Nous devrions dors et déjà décider de ce que nous allons mettre en jeu pour la prochaine partie. Enfin, en supposant qu'il lui reste encore quelque trésor à gager après tout ce que nous lui avons pris. C'est un être plein de ressources mais même lui possède ses limites.
Tout à coup, elles se taisent. L'éclat du fil brisé vient de gagner en intensité, et sa lumière ne fait que croître. Celle-ci se condense alors en un fin rayon d'un bleu très clair qui vient prolonger le fil et s'insinue de lui-même dans la tapisserie...
À l'instant fatidique, comme je l'avais espéré, souhaité... non, comme j'en avais eu la conviction, la sensation revint, mais beaucoup plus forte que la fois précédente. Ce n'était donc pas une illusion... Elle m'envahit et j'eus l'impression qu'en moi se rompaient sceaux et barrages dont je n'avais pas eu conscience jusqu'alors. Une forte rafale de vent semblant issue du sol lui-même me renvoya en l'air alors que j'aurais dû m'écraser, et dans mon dos des ailes se déployèrent. Mes ailes... Après un temps de flottement, la mémoire me revint. Je n'étais pas cet humain duquel je m'étais vu attribuer le corps et l'existence cette fois-ci, pas plus que celui d'avant, ni aucun des nombreux à l'avoir précédé.
Je suis Orphen, esprit de l'air, sylphe ou ange, comme il vous plaira de m'appeler, et je suis issu de ce monde de magie parallèle au monde des humains que ces derniers nomment parfois Faërie. Je me souviens de tout désormais.
Lenna, Mon Aimée, ma moitié (et bien plus encore car l'amour des créatures de magie est bien plus intense que tout ce que vous pouvez imaginer), et moi-même avons toujours été attirés par les Hommes. Nous nous inquiétions grandement de l'éloignement de nos réalités qui allait croissant, vous coupant de toute magie, refroidissant vos cœurs et pensions-nous, vous vouant à des existences sans saveur. Alors, par amour pour vous, je conçus un projet fou: me rendre en votre monde et par la force de mon âme parvenir à ouvrir un passage par lequel la magie pourrait circuler et vous inonder... Mais ce n'était pas sans risque. Car Destinée, votre créature, vous possède à présent, et ne laisse personne empiéter sur son territoire sans contrepartie. Les règles sont des plus strictes. Celui d'entre nous qui se rend en votre monde se voit dépouillé de sa mémoire et de ses pouvoirs, et soumis aux caprices du destin. De plus, bien que la nature de son âme soit conservée, il est voué à ressentir des sentiments humains... Cette dualité, je vous l'assure, a de quoi rendre fou. Dans ces conditions, comment faire pour créer un pont entre nous? Et bien vos Moires ont une faiblesse: elles sont joueuses. Aussi ai-je songé que le recouvrement de mes pouvoirs pourrait faire l'objet d'un pari...
Je fis une erreur alors, en exposant mes idées à Lenna. Mais aurais-je pu lui cacher quoi que ce soit? De nature beaucoup plus impulsive que la mienne, elle me devança, sans avoir rien préparé qu'elle pu proposer aux tisseuses. Aussi joua-t-elle son âme. Et elle perdit...
Depuis lors, j'ai vécu maintes vies humaines, avec à chaque fois un double enjeu: ouvrir cette voie pour laquelle Lenna s'était sacrifiée, et lui rendre sa liberté. Les termes de l'accord étaient chaque fois les mêmes. J'engageais ce que les Moires me demandaient, parfois un trésor de mon monde que j'acquerrais avec difficulté, parfois une part de moi-même. Toujours quelque chose d'inestimable. Puis j'étais envoyé parmi les hommes, et je devais prouver au destin que mon âme était suffisamment forte pour résister, même sans mémoire et sans pouvoir, à la part humaine qui m'étais adjointe. Pour cela, il me fallait conserver mon désir de vivre et de protéger les autres jusqu'à l'instant de ma mort. La première fois, j'eus l'impression que ce serait chose facile. J'oubliais qu'une fois à destination, je serais soumis aux caprices de celles contre qui je jouais, qui connaissaient parfaitement leur affaire... Je perdis, cette fois-là et de nombreuses autres...
Mais c'est terminé. J'ai enfin réussi. Et ce grâce à un événement qui en y repensant me semble un peu suspect... Durant cette dernière existence humaine, je faillis mourir lors d'un accident. Voyant ma dernière heure arriver, je ressentis alors la magie au fond de moi, cette magie que mon âme savait lui appartenir, qu'elle recherchait désespérément. Mais je fus sauvé in extremis.
Était-ce une erreur des Moires ou une action délibérée? Je ne sais, mais cela m'intrigue... Un jour, peut-être irais-je les revoir pour leur poser la question. Mais avant cela, j'ai fort à faire ici...
- Il a réussi! Il a réussi! De toute éternité, c'est la première fois que nous sommes battues.
- Et nous allons devoir restituer un de nos trésors les plus précieux. Une âme aussi belle, c'est du gâchis que de la lui laisser. Mais ce n'est pas tout...
- Oui, car maintenant il va pouvoir agir à sa guise et gauchir nos trames... Il va être difficile de tout prévoir.
- Très difficile, pour ne pas dire impossible.
- Nous allons avoir des surprises...
Les fileuses se dévisagent mutuellement, puis échangent un sourire complice avant de s'en retourner à leur contemplation de la tapisserie du destin...
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Une fois n'est pas coutume, mini-speech conclusif plutôt qu'introductif ;p
Ceux qui ont lu l'article "Gardian angel" auront compris que ce texte est une histoire possible pour Orphen... Je dis bien possible, car dans ma tête rien n'est fixé ^^ D'ailleurs... bon, il n'y a pas grand monde à passer ici, mais je propose quand même à qui veut de rédiger sa propre version de l'histoire d'Orphen à partir de Gardian Angel, et de la poster ensuite sur son blog... S'il y a des motivés/inspirés ;)
Vous aurez peut-être remarqué une dégradation de la qualité d'écriture au fil de l'article. Je m'en excuse, je l'ai commencé à minuit dans un état de fatigue déjà bien avancé, je ne le termine que maintenant (4H) alors forcément... en plus je n'ai pas le courage de relire xD
Sur ce, je vous fait des bisous avant d'aller m'effondrer dans mon lit ;p
dans la catégorie Travail d'écriture