Lundi 12 février 2007 à 14:56

Un petit article pour vous parler d'une oeuvre laissée en plan il y a déjà un bout de temps.
Ce roman (puisqu'à l'époque je voyais les choses en grand :P) devait mettre en scène plusieurs personnages, tous très différents, avec leur lot de névroses, de rêves, de petits bonheur et malheurs du quotidien. J'avais pour chacun d'eux créé une fiche très détaillée décrivant leur cadre de vie et leur psychologie. (on peut donc dire que j'avais fait le plus gros du travail, puisque ce profil était le véritable pilier autour duquel tout le reste gravitait).

Pour la suite, je pensais introduire par petites touches une entité extérieure, une sorte de marionnettiste qui aurait interconnecté ces êtres par l'intermédiaire de leur rêves. Au fur et à mesure du temps, chacun d'entre eux influençait les autres, les personnalités plus ou moins fortes ayant bien entendu plus ou moins d'impact, pour aboutir sur... Ben sur quelque chose que je ne vous expliquerai pas, au cas où j'en viendrai à me resservir de ça pour autre chose :P

Alors si tout était prêt me direz-vous, pourquoi avoir arrêté?

Et bien tout simplement (ou pas en fait, tout est relatif) à cause d'un des personnages. Je m'explique: à chacun était associé un style d'écriture particulier, adapté à son mode de pensée. Et l'un d'eux était un véritable psychopathe (faut dire les choses telles qu'elles sont). Or j'avais prévu de rédiger ce qui le concernait à la première personne, en détaillant ses pensées, au fil des horreurs qu'il pouvait commettre. Lorsque je me suis enfin lancé dans la première scène où il prenait place, j'ai été complètement révulsé par son côté malsain. Le fait d'écrire à la première personne me plongeait au coeur de l'esprit de ce monstre, me faisait réellement ressentir ce qu'il ressentait. Mais quand on y pense, c'est bien moi qui lui avait donné vie, n'est-ce pas? Alors, sa noirceur n'était-elle pas la mienne quelque part?
Résultat: un chapitre immonde, mais, ce qui m'a fait le plus peur, c'est qu'il était vraiment bien écrit. Il y avait de quoi se poser des questions sur soi.
Alors, après quelques haut-le-coeur qui ont bien failli se transformer en vomissements, j'ai bouclé ce texte à double-tour et j'ai décidé de ne plus y retoucher. Du même coup, étant donné qu'il s'agissait d'un personnage essentiel à l'équilibre du reste, Onirics (j'avais omis de vous faire part du titre ^^' ) a du être définitivement abandonné.
Je ne comprendrai jamais comment font les auteurs comme Stephen King pour ne pas sombrer dans un profond dégoût d'eux-mêmes lorsqu'ils rédigent leurs oeuvres. Pour l'instant, c'est au-dessus de mes forces.

Mardi 31 octobre 2006 à 14:21

Elle se dresse là, seule, au sommet du tertre.
A ses pieds les fleurs sont depuis longtemps fanées.
Voici l'automne. Au-dessus d'elle le grand hêtre
Pleure sa chevelure de l'été passé.

Chacun évite l'endroit où elle se tient.
Aucune visite, ni parents, ni amis.
Des mémoires, son souvenir s'est évanoui,
De son ancienne vie il ne subsiste rien.

Où s'est donc enfui le temps de l'enterrement
Quand les familles venaient, criant et pleurant
Pour se recueillir devant la pierre tombale?

On a oublié son existence de marbre.
La tombe solitaire dans l'air automnal
Lance ses appels muets, inutiles palabres.


Je vous demande un peu d'indulgence pour ce poème aux mots naïfs et aux vers maladroits, qui date de 2002. J'ai trouvé opportun de ressortir, en cette veille de Toussaint, l'intercalaire sur lequel je l'avais griffoné pendant un cours de physique particulièrement soporifique.

Mercredi 25 octobre 2006 à 2:32

Je vois un port minuscule battu par les vents. En vérité, ce n'est guère plus qu'un amas de cabanes de bois bâties à la va-vite à l'embouchure d'un fleuve, mais on a pris la peine d'y construire un petit ponton et d'y amarrer quelques doris qui tanguent au rythme des vagues.
Autour de ce semblant de village, une forêt de conifères s'étend à l'infini, séparée en deux parties par le fleuve sinueux charriant quantité de bois flotté et de blocs de glace.
Un épais manteau de neige vient compléter ce paysage indubitablement nordique.
Mais arrêtons là la description pour nous intéresser au jeune homme. Vous le voyez? Il sort d'une maisonnette un peu à l'écart des autres... bon, dissimulé comme il est sous plusieurs couches de vêtements épais, difficile d'en faire un portrait précis. Sachez néanmoins qu'il est âgé d'environ vingt-cinq ans, assez grand, brun, et sommes toute plutôt ordinaire. Il se dirige à grand pas vers la jetée, chacune de ses respirations soulignée par un petit panache de vapeur... Et s'arrête soudain, le regard braqué droit devant lui.
Suivons donc la même direction... oui, voilà qui est fort surprenant, vous en conviendrez. Sur le ponton, face à la mer, se tient une fort jolie femme, cheveux au vent, très légèrement vêtue compte tenu de la température qui descend allègrement en dessous de zéro degrés... D'après l'air absolument béat de notre héros involontaire, on peut affirmer que son coeur vient de recevoir une sacrée décharge. Impossible pour nous de savoir si c'est la première fois qu'il assiste à ce spectacle.
Soudain, la femme fait un pas dans le vide, tombe... pour se retrouver debout à la surface de l'eau, comme s'il s'agissait là de quelque choose de tout à fait naturel. Elle marche ensuite tranquillement sur quelque dizaines de mètres, pour s'éloigner un peu de la côte. Elle s'arrête, lève la main, puis trace dans l'air d'étranges arabesques de son index tendu.
L'eau semble alors se cristalliser autour d'elle, emprisonnant lentement son corps dans un cercueil de cristal scintillant, qui s'enfonce dans les profondeurs marines...

Le jeune homme n'a pas bougé... "Elliana", murmure-t-il dans un souffle...


Et c'est là que je me suis réveillé... car malheureusement tout cela n'était qu'un rêve particulièrement réaliste, dont le souvenir m'est resté... Rêve immédiatement consigné en vue d'une exploitation future... qui n'a jamais eu lieu (bien que je sache exactement ce qui va se produire ensuite).
J'espère qu'afficher cela ici me donnera l'envie subite d'écrire la suite, ou pourra inspirer quelqu'un d'autre le cas échéant.
Sur ce, il est 2h30, je vous souhaite donc une bonne nuit. ^^

Dimanche 22 octobre 2006 à 13:59

Assis devant mon bureau, dans la solitude de ma chambre à coucher à la décoration dépouillée, je trempe ma plume dans l'encrier, puis je la laisse en suspend au-dessus de la page blanche. C'est alors que la même vieille angoisse me serre la gorge... Viendra-t-elle cette fois?
Par la fenêtre de l'appartement, derrière les volets clos, les sons étouffés de la ville toujours en mouvement parviennent jusqu'à moi. Sera-t-elle effrayée par toute cette agitation, par cet intolérable grouillement urbain? Elle qui est si douce, si pure, si fragile, acceptera-t-elle une fois encore de se compromettre avec la souillure de ce monde pour me rejoindre ici? Non, je n'en vaut sans doute pas la peine...
Mais j'ai tant besoin d'elle... Le doute accroît ma peur, et le temps, si cruel, choisit pour s'arrêter le moment où mon incertitude m'a plongé dans la détresse la plus profonde.

Enfin, la chaleur familière qui m'étreint brise cet instant d'éternité. La douceur de ses bras immatériels autour de mon cou m'apaise, et son souffle à mon oreille me fait entrevoir les merveilles, les décors et les plaisirs inconnus d'univers lointains, si lointains...
Ma plume enfin libérée court sur le papier au rythme de sa voix cristalline, et dans une transe bienheureuse je noircis les pages, encore et encore, jusqu'à ce qu'elle s'en aille, me laissant vidé de tout énergie,
haletant, frissonnant... mais si vivant... J'aimerais la retenir, mais j'en suis incapable. Personne n'a le droit de lui ôter sa liberté, et je me fustige pour cette pensée indigne d'Elle.

Reprenant peu à peu mes sens, sans relire ce que ma main vient d'inscrire, je range consciencieusement papiers, plume et encrier. Et déjà, un spectre moqueur s'adresse à moi depuis le fond de mon esprit: "Oui, mais viendra-t-elle demain?"
Quoiqu'il en soit, je t'attendrai, ma Muse...

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